En quoi puis-je vous être utile ? [PV Aristarkh]

Nolwenn était assise à son bureau, plume à la main, le nez plongée dans la lecture d'un compte rendu d'Howkins, un des ambassadeurs qui travaillait pour elle. Il était actuellement au Port et lui envoyait régulièrement des nouvelles avec des descriptifs des quelques événements et autres qui survenaient. Pour l'instant, c'était plutôt le calme plat parmi les mages et les humains de la côte et Norval, son "espion" de Sleza lui rapportait dans son propre rapport que rien n'était pour l'instant à signaler. Les humains se tenaient tranquilles, tant que rien ne les menaçaient...
Elle posa sa plume et mit en ordre ses feuilles alors qu'Orf' s'occupait de ranger les livres qu'avait lu la veille Nolwenn dans la bibliothèque qui couvrait un mur. Le jeune Fir-Bolg déchiffrait de temps à autre un mot ou deux des titres et voir que les lettres formaient des termes tels que "Futur", "Avenir" ou "Prophétie" le rendait de plus en plus sombre. Il détestait ça...

-Arrête d'être obsédée par cette histoire de nouveau prophète ! Ordonna le fils de la foudre en envoyant d'un geste rageur le "Condensé des Prédictions obscures des Ages Sombres" contre le mur. Tu vas t'attirer des ennuis, c'est tout ce que tu vas gagner !
-Et toi qui te plains sans cesse que la vie est d'un ennui sans pareil ! Railla la jeune femme en se levant pour ramasser l'ouvrage.
-Oui, mais là... Tu pourrais perdre plus que ta vie, Nolwy... Et tu sais que je t'...

Le Fir-Bolg se mordit la lèvre d'un air presque gêné, fixant ses pieds, avant que son image se brouille pour qu'il redevienne tel qu'il était véritablement. Nolwenn savait que cette apparence là était autant un moyen de se faire respecter... Que de parler plus librement de ses sentiments.

-Je ne supporterais pas de te perdre... Lui dit-il en s'adossant à la bibliothèque.
-Je sais, Orfind'irh, répondit la jeune femme. Mais, nous n'en sommes pas encore rendu là...

Elle rangea quelques feuilles puis se rassit alors qu'Orf sortait du bureau pour se rendre dans sa chambre. Son familier avait besoin d'être seul...
Elle entendit frapper à la porte et prit une copie qu'elle avait à corriger pour raturer quelques mots de sa plume.

-Entrez ! Ordonna t-elle en ajoutant des commentaires.

Elle fut assez surprise de voir le jeune Aristhark pénétrer son bureau avec son familier sur ses talons.

-Bonjour, dit-elle en reposant sa plume. En quoi puis-je vous être utile, jeune homme ?

Respire, respire, respire.

Il tenait une enveloppe dans la main gauche, et un livre dans la main droite. Quoiqu'il en soit, à ce moment même, c'était l'angoisse qu'il le tenait. Il se sentait toujours gêné à l'idée d'entrer dans le bureau du professeur d'Invocation. Il se souvint avec dégoût la mésaventure qu'il avait eu l'année dernière avec son enseignant. Mauvais souvenir. A oublier.

Qu'est ce que tu peux être crétin quand tu t'y mets ! se dit-il. Elle est très gentille Mme Maltyrh, elle va pas te manger, elle est très gentille Mme Maltyrh, elle va pas te manger, elle ...

Il arrêta le fil de ses pensées lorsque Eleazar lui donna un coup de tête pour l'inciter à avancer. Il n'allait pas reculer. Il prit son courage à deux mains, et rentra dans le bureau. La professeur lui sourit agréablement et lui déclara :

Bonjour. En quoi puis-je vous être utile, jeune homme ?

Oulala. Oulala. Il prit une grande inspiration. Oulala. Il avala sa salive. 2, 3 fois. Elle commençait à s'impatienter. Il commença d'une traite :

J'ai un papier à vous faire signer, j'ai une demande de cours particuliers faite par ma mère, elle veut que je m'améliore en Invocations, elle adorait ça dans sa jeunesse mais elle a arrêté, elle voudrait que je fasse ce qu'elle a pas pu faire, mais moi j'aime pas ça, enfin si ça va, je me débrouille bien, mais bof, puis sinon j'ai une lettre pour vous, je sais pas ce que c'est, je l'ai trouvé dans l'entrée, il y avait votre nom dessus, j'ai pas ouvert, mais je vous l'apporte, voilà.

Il allait tomber dans le coma. Il fallait qu'il respire. Il respira, sous les yeux subjugués de sa professeur qui s'était emparés des deux documents.

Nolwenn se leva pour prendre les deux lettres puis tapota le dos du jeune homme.

-Respirez, je ne suis pas cannibale...

Elle ne prit pas la peine d'ouvrir celle qu'Aristarkh avait trouvé, celle-là, c'était personnel... Par contre, l'autre contenait une demande plutôt officielle... Elle prit la lettre de la mère du jeune homme et la parcouru rapidement des yeux. Oui, effectivement... C'était pour qu'Aristarkh devienne ensuite son assistant plus tard... Mais le jeune homme n'avait guère l'air motivé...
Elle reposa la lettre sur son bureau puis s'assit juste à côté, croisant les jambes en observant attentivement l'élève.

-Votre mère voudrait que vous deveniez mon assistant à la fin de vos études...

Elle remarqua un mouvement de défense chez Prokiriev. Normal si il n'aimait pas spécialement sa matière... Elle le calma d'un geste de la main.

-Sachez que je n'accepte des élèves à des cours particuliers qu'en cas d'extrême motivation, ce qui à mon avis, est loin d'être votre cas...

Elle se passa la main dans ses cheveux puis tapota le bureau de sa main.

-Je vais vous posez une question, M Prokiriev... Soyez franc : Vous ne voulez pas de ces cours n'est-ce pas ?

Aristarkh était un peu gêné, il devait avouer qu'il ne s'attendait pas à être pris de court comme ça. Ses capacités mentales qu'ils avaient entraînées auparavant avaient prévus le petit schéma suivant :

1. Entrer dans la salle.
2. Dire ce qu'il se passait.
3. Respirer.
4. Donner les papiers.
5. Faire signer le papier.
6. Respirer.
7. Partir vite.

Il était un peu surpris par les événements, il ne pensait pas qu'un tel problème se poserait. D'ailleurs, il n'arrivait à pas réfléchir correctement. Il pointa son long doigt faire une chaise et demanda :

Je peux m'asseoir si ça vous dérange pas ?

Mme Maltyrh acquiésa d'un léger mouvement de tête et Aristarkh dut alors répondre à son embêtante question.

Pour tout vous avouer ... Non, je n'ai pas envie de ses cours. Non pas que je n'aime pas l'Invocation, c'est même une matière que j'apprécie, mais je n'aspire pas à développer plus que ça ce domaine. D'un autre côté, je les aurais pris pour faire plaisir à ma mère, elle a toujours regretté de ne pas être allée plus loin dans ses études, et de ne pas être devenue l'une de vos pairs. Vous voyez, elle a toujours cette tristesse, cette mélancolie, on sent que sa vie ne lui convient pas et qu'elle a toujours voulu monter plus haut. Cela me faisait plaisir de prendre ses cours, même si je sais très bien qu'un jour il aurait fallu que je m'arrête.

Il s'arrêta d'ailleurs, pensant qu'il n'en avait trop dit, et qu'il était simplement en train de dévoiler sa vie à sa professeure qui devait s'ennuyer de pied ferme. Pour dissiper son malaise, il tourna son regard vers l'autre lettre qu'il avait amenée et ajouta :

- C'est une belle enveloppe, et votre nom est joliment calligraphié dessus. C'est étrange que je l'ai trouvée dans un couloir, posée dans un coin.

» Aristarkh Prokiriev
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