Curieuse rencontre. (Pv Emilia)

Bon sang, il fait chaud aujourd'hui !

Aristarkh adressa un regard à Eleazar, qui lui fit un signe de la tête pour acquiescer. Les moins avertis auraient dit que ce chat n'était pas bavard, mais Aristarkh savait que le problème ne venait pas d'un penchant ou non au plaisir de la discussion, mais bien d'un problème plus physique qu'autre chose. Le pauvre chat était né avec les cordes vocales paralysées. Son visage se crispa, il s'était toujours senti différent par cela, les autres mages adorant disserter avec leurs familiers. Lui parlait à un mur. Mur très compréhensif. Oh ça, pour être intelligent, Eleazar l'était. Il comprenait ce qu'on lui disait, faisait ce qu'on lui demandait. Mais ne répondait jamais. Cela le rendait un peu triste. Mais il l'aimait quand même. D'ailleurs, ce jour-là, il n'était pas sorti par hasard. Il avait, en effet, prévu d'acheter un petit quelque chose pour lui bien qu'il n'avait rien fait de spécial à vrai dire si ce n'est être présent à ses côtés comme d'habitude. Cela suffisait.

Bon alors, on va compter combien d'argent j'ai. Alors, 1, 2, 3 ...

Il avait sorti de son porte-monnaie une belle poignée de pièces d'argent, après s'être assis sur un banc, à l'ombre d'un cerisier en fleur. Les gens défilaient devant lui, comme d'habitude. Il y en avait des petits, des grands, des beaux, des très beaux, des laids, des très laids, des horreurs même, (un petit homme rachitique suivi d'une taupe ridée lui donna la chair de poule), mais aucun ne semblait se soucier de ce que faisait Aristarkh avec son argent, qu'il dévoilait sans gêne. Après tout, il se fondait dans la foule, et les pickpockets de nos jours étaient plutôt rares. Le compte était bon et il glissa l'argent dans sa poche. Il se releva, toujours suivi d'Eleazar, très excité à l'idée du jouet ou de la friandise qu'il l'attendait. Il rejoint le flux sempiternel des piétons des trottoirs, quand une bombe explosa contre lui. C'était une jeune fille, visiblement affolée par ce qui venait de se passer. Elle bredouilla quelques borborygmes, des excuses sûrement. Elle passa une main dans ses cheveux, fit un sourire, et s'en alla dans le même mouvement. Aristarkh, surpris, passa sa main de haut en bas. Il était précieux et il ne se le cachait pas ! Il ne savait où avait traîné cette jeune fille, et Dieu seul sait le nombre de microbes qu'elle devait avoir sur elle ! Il avait atteint son pantalon, quand il se rendit compte que la jeune fille lui avait dérobé sa bourse ! Il se retourna, vit que la jeune fille était au bout de la rue. Il lui courut après, la rejoignit assez rapidement, et lui lança :

Excusez-moi, mais il me semble que vous avez quelque chose qui m'appartient.

~Charmante Voleuse~ Messages : 33 Date d'inscription : 06/04/2010

C'était vraiment une superbe journée, bien trop belle pour rester à l'intérieur. Aussi Emilia décida d'aller flâner dans les rues avec Altière. Vêtue d'une robe longue et légère, elle se promenait tranquillement, sans aucune envie de voler quand un spectacle attira son attention.
Un jeune homme aux cheveux noirs était assis sur un banc, tranquillement en train de manipuler des pièces d'argent. Ses doigts la démangèrent à cette vue tentatrice. Non pas qu'elle avait besoin d'argent, non, loin de là. C'était plus par... amour de l'art, dirons-nous.

-Altière, j'ai comme l'impression que ce garçon nous nargue. Fit-elle discrétement à sa liée qui voletait autour de son épaule.
Elle sentit l'amusement de cette dernière alors qu'elle répondait :

Et bien dans ce cas, apprenons-lui que ça ne se fait pas !

Certes, elle n'était pas venu pour ça, mais c'était bien trop tentant. Elle attendit que le jeune homme se relève et s'éloigne légerement avant de se mettre à courir. Elle lui rentra dedans plutôt fort, et profita de ce moment d'innatention pour prélever la bourse qui pendait imprudemment à sa ceinture.
Elle s'écarta de lui, un air mi-affolé, mi-désolé peint sur le visage avant de repartir en trottinant et de se fondre dans la foule.

-Pff ! Sérieusement Mimi, t'utilise encore ce truc vieux comme le monde ? je m'attendais à quelque chose de plus subtil que ça. Se moqua sa soeur d'âme.

Elle souris intérieurement et pris un air faussement vexé :

Sérieux, tu trouves peut-être qu'il avait l'air du genre de personne à se douter de quelque chose ?

Pour tout réponse Altière sourit et pointa du doig une tête brune qui se rapprochait à toute vitesse.
Leste pensa à s'enfuir, mais la foule était bien trop serrée. A l'accusation du jeune homme. Elle prit l'air penaud avant de dire :

La main dans le sac on dirait... En effet voilà ta bourse. Tu mérites de la récupérer puisque tu t'es rendu compte de mon larcin.

Elle lui tendit la bourse et l'observa plus attentivement. Mince, brun, des yeux très noirs, un chat noir comme familier... Tout ça lui disait quelque chose :

-Dis-moi , On se serait pas déjà vu quelque part ?

Aristarkh était éberlué. Il ne pensait pas que ça serait aussi facile ! Il s'imaginait déjà, haranguant la foule en faisant un scandale sans précédent. Il se voyait obligé de faire une fouille à mains nues sur le corps de celle qui l'avait délesté de son argent, pour enfin découvrir sa bourse dans un endroit assez incongru. Il prit enfin la peine de regarder la jeune fille. Jeune fille assez simple à vrai dire. Mais à son goût. Elle était plutôt jolie, elle possédait un corps harmonieux, pas spectaculaire, mais agréable à regarder. Elle avait une moue un peu provocatrice, on voyait très clairement qu'elle était sûre d'elle, comme si -le comble !- elle n'avait strictement rien à se reprocher. On sentait l'intelligence émaner de ses yeux, et Aristarkh comprit qu'il n'avait pas affaire avec une stupide kleptomane. Ses habits, une robe légère mais propre et claire, lui fit comprendre que ce n'était pas une pauvre clocharde affamée, mais une vrai voyou, sûrement attirée par le tintement de l'argent qu'il avait laissé imprudemment pendre sur son ceinturon. Il se rendit compte que la jeune fille le regardait toujours, et il ne put s'empêcher de rougir. En détournant son regard, il vit la sylphide tirer les moustaches d'Eleazar, impuissant, qui aurait voulu rugir pour signaler son mécontentement, mais qui devait s'en tenir à son mutisme éternel. Elle lui demanda :

-Dis-moi , On se serait pas déjà vu quelque part ?

Alors qu'il fixait toujours les 2 familiers, elle se détourna pour voir ce qui obnubilait tant Aristarkh, et lorsqu'elle vit la scène, elle émit un claquement de langue qui fit arrêter la fée. Il avait entendu la question, mais avait l'esprit ailleurs. Le silence qui s'en suivit dût énerver son interlocutrice, puisqu'elle fronça les sourcils pour marquer son attente. Le jeune homme secoua légèrement la tête, comme s'il voulait se remettre les idées en place, et finit par regarder droit dans les yeux dorés de la criminelle.

Effectivement, il me semble bien que l'on se connaît. Je crois pouvoir même dire que vous êtes en 3ème année, je me trompe ? Quoiqu'il en soit, moi c'est Aristarkh, 2ème année et argent en poche, quoique ça, vous le savez déjà.

~Charmante Voleuse~ Messages : 33 Date d'inscription : 06/04/2010

Certes Leste aurait pu faire un scandale, clamait qu'un fou la harcelait ou encore cherchait à lui prendre sa bourse, entre autres idées qui lui étaient venues à l'esprit en l'espace de dix secondes, mais bon, c'aurait été mauvais joueur. Puis il fallait bien l'avouer ce garçon avait une tête sympathique. Assez beau d'ailleurs. Elle le détailla d'un regard effronté, le faisant rougir. Elle riait intérieurement, ce qu'elle pouvait aimer embêter les gens. Et puis c'était tellement mignon un homme qui rougit.
Son attention fut attirée par Altière en train de tirer les moustaches de ce pauvre chat, elle claqua la langue de désaprobation et sa liée arrêta. Non sans lui avoir tirer la langue.
Elle poussa un soupir et reporta son attention sur le jeune homme qui tardait à répondre. Elle fronça les sourcils. Il lui répondit alors et sa grimace ne fit que s'accentuer. Un élève de l'Académie ? Où pouvait-elle bien l'avoir rencontré ?
Soudain la lumière se fit dans son esprit et elle éclata de rire, un peu gênée malgré tout.

- Ah oui ! Notre rencontre a été assez mouvementé pas vrai ? dit-elle avec un grand sourire avant de reprendre : Je sais pas si tu te rappelles mon prénom, je m'appelle Emila mais j'ai toujours préféré qu'on m'appelle Leste ! Enchantée Aristarkh.

Altière se posa sur son épaule, bombant le torse avant de se présenter :

Quant à moi, c'est Altière ! Sylphide de son état et familier de la tête de linotte que voici ! Elle fut interrompu par une pichenette de la dite tête de linotte, puis repris : Pourquoi il veut pas me parler ton familier, j'ai pourtant pris mon bain ce matin !

Emilia n'apprécia pas l'insolence de son familier. Elle adorait sa petite fée, mais qu'est-ce qu'elle pouvait se montrer insupportable ! Elle se contenta de lui décocher un regard noir, ses yeux s'assombrissant sous le coup de l'irritation, et la sylphide se tut.

Vraiment désolé pour ta bourse, mais c'était vraiment trop tentant ! C'est dans ma nature, faut pas m'en vouloir ! Si tu veux pour me faire pardonner je peux t'inviter à boire quelque chose, et promis je te pique rien ! ajouta-t-elle avec un clin d'oeil.

Un clin d'oeil. Allons bon. Il voulut garder son calme envers et contre tout, mais il sentait le sang qui lui montait à la tête, et qui s'immisçait dans ses fines joues, les faisant rougir de plus belle. Aristarkh aurait voulu refuser. Décliner l'offre de manière courtoise, prétextant un quelconque rendez-vous inventé, ou bien juste dire qu'il n'avait pas envie. Mais le problème était là : il en débordait d'envie. Non pas qu'il espérait conclure avec la jeune fille : elle avait beaucoup trop de prestance pour le petit charisme d'Aristarkh, bien qu'elle eût un corps aguichant. Et comme si ça ne suffisait pas, il ne savait pas mentir. Pour se donner le temps de réfléchir, il trouva une issue de secours en la présence de la sylphide.

Pour répondre à ta question, Eleazar est muet depuis toujours. Mais tu peux lui parler, il te comprend et te fera savoir son avis d'une manière ou d'une autre.

Le chat fit un sourire pour confirmer les dires de son lié. Altière virevolta de-ci de-là, visiblement enthousiaste de se faire un nouvel ami, ou bien une nouvelle tête de turc. Aristarkh ne préférait pas jouer le rôle d'un parent protecteur, ou bien d'un ami un peu trop envahissant vis-à-vis d'Eleazar. Bien qu'il n'était pas doté de parole, il était suffisamment intelligent et persuasif pour se défendre tout seul ou bien dénouer les nœuds gordiens que la vie lui présentait. A cette pensée, Aristarkh se détourna vers Emilia, et compléta ses paroles.

C'est un gentil chat, mais comme il n'a jamais vraiment eu la possibilité de parler, il a toujours eu du mal à s'imposer, et souvent, les moqueries des gens sont en réalité engendrées par un réel problème d'incompréhesion. Vous savez, de nos jours, ...

Il s'arrêta net. Emilia avait légèrement courbé la tête, et montrait un sourire en coin qui en disait long. Aristarkh soupira, puis prit une grande bouffée d'air frais. Il se demandait si ses joues avaient retrouvées leur couleur d'ivoire ou bien si la rougeur qui s'était peignée auparavant s'était définitivement incrustée dans ses pommettes.

J'accepte volontiers votre invitation, je connais une taverne drôlement sympa à deux rues d'ici.

Aristarkh se mit en route, non sans avoir pris suffisamment d'avance pour ne pas être aux côtés d'Emilia. La jeune fille, quant à elle, parut satisfaite, et emboîta le pas, tandis que la sylphide continuait de faire tergiverser Eleazar.

~Charmante Voleuse~ Messages : 33 Date d'inscription : 06/04/2010

Emilia se régalait de la gêne du jeune homme. Non, ce n'était pas de la moquerie ou de la cruauté ; c'est juste qu'elle trouvait ça vraiment mignon. Elle connaissait tellement de gens qui en auraient profité de son invitation pour faire un commentaire oiseux ou un plan drague minable. Elle préférait largement le voir rougir !
Elle écouta sans rien dire, mais avec interêt, sa pirouette pour éviter de lui répondre. Un chat muet , C'était loin dêtre courant ça. Et c'est vrai que ça devait pas être facile tous les jours non plus... Cependant la dérobade se faisait vraiment trop évidente. Leste pencha la tête d'un air interrogateur un sourire de chat devant un bol de lait au coin des lèvres.
L'explication du jeune homme se finit en un bafouillage inintelligible, avant qu'il finisse par accepter. Emilia entendit Altière dire au familier d'Aristarkh sur un ton taquin :

Je crois que ton maître en pince pour la mienne !

Bien entendu elle avait fait ça juste pour le mettre mal à l'aise, ce qui fonctionna plutôt bien au vue de l'écarlate que prenait ses joues. Leste aurait été prête à jurer qu'Eleazar venait de rire. Pour désamorcer l'embarras du jeune homme qui n'osait même plus la regarder dans les yeux elle prit la parole :

Bah l'écoute pas, Altière dit juste ça pour t'embêter, elle est très taquine. le moins qu'on puisse dire c'est qu'on s'est bien trouvé elle et moi. Je crois que je connais la taverne dont tu parles, mais vas-y passe devant.

Leste pensa soudain à une chose qui la mettaitmal à l'aise depuis le début de la conversation :

-Oh, et arrête de me vouvoyez tu veux ? je crois pas que j'ai l'age d'être ta mère ou ton prof ! Au fait je peux t'appeler Ari' ?

Elle lui sourit gentimment et profitant que le jeune homme croise son regard, elle décida de lui faire une petite farce : très elle fit passer ses yeux au jaune comme ceux d'un chat, à vert émeraude, puis bleu et enfin revint au doré. Devant sa figure ébahie elle s'écroula de rire.

Oui oui, je vous comprends, enfin je te vous comprends, du moins je te comprends.

Il se racla bruyamment la gorge. Cette fille ne manquait vraiment pas de gêne ! D'abord, elle lui dérobe ses précieuses pièces d'argent. Ensuite, elle l'invite à boire un coup, comme si de rien n'était, et enfin, elle lui fait un clin d'œil et remet en cause sa courtoisie ! Les élèves de l'Académie avaient, en général, été élevés avec les grands principes de savoir-vivre magistiques. Aristarkh se souvenait de sa mère, qui lui scandait à table :

- Pas les coudes sur la table ! La fourchette dans la main gauche et le couteau dans la main droite ! Sois poli avec la dame ! Dis bonjour, fais une révérence ! Sois courtois ! Poli ! Courtois ! Poli !

Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette Emilia n'était pas polie ni courtoise. Enfin peut-être que si dans le fond. C'était juste une forme de courtoisie ... différente ? Elle n'était pas non plus un sac à pomme de terre qui rote, qui pète et qui donne de grandes claques dans le dos des gens, mais elle demeurait tout de même assez rustre. Ou bien était-ce lui qui tenait ses règles de savoir-vivre trop à cœur ?
Mais soudain, les yeux d'Emilia se mirent à changer de couleur de manière tout à fait inopinée. Défilèrent devant Aristarkh un grand nombre de teintes toutes plus différentes les une des autres. Cette farandole d'iris se poursuivit par un éclat de rire très significatif d'Emilia, qui jubilait de la mine ébahie du jeune homme. A la vue de la jeune fille qui commençait à pleurer tellement elle trouvait ça drôle, Aristarkh s'énerva. Comment pouvait-elle se moquer comme ça ?

Ah, ça te fait rire. Et bien ris ! Bien sûr tu es métamorphe, tu es exactement ce genre de fille, à se changer pour se moquer des gens ! Allez, c'est ça continue à rire, moi je m'en vais !

Il lui tourna le dos, empoigna Eleazar qui continuait d'être trituré par la sylphide qui, elle aussi, riait à pleine voix. Pour marquer sa sortie qu'il trouvait théâtrale, il pivota une dernière fois vers la jeune fille, qui tendait déjà à le rattraper, et déclara solennellement :

Et au fait, il est hors de question que TU m'appelles Ari'.

~Charmante Voleuse~ Messages : 33 Date d'inscription : 06/04/2010

Emilia ne s'attendait absolument pas à cette réaction de la part du jeune homme. Peut-être avait-elle touché un point sensible sans le vouloir. Mais c'était vrai aussi qu'elle pouvait se montrer assez odieuse sans s'en rednre compte, ce qui amenait ce genre de résultats.
Complétement douchée, le rire quitta son visage et ses yeux prirent une étrange teinte grise ; chose qui lui arrivait tout le temps quand elle était triste ou déçue. dans ce cas précis elle était triste Et déçue. Triste d'avoir provoqué cette réaction et déçue d'avoir perdu un hypothétique ami.
Soudain Altière se percha sur son épaule et cria à son oreille :

-M'enfin réagis ! Le laisse pas partir comme ça ! Explique lui que tu voulais pas te moquer de lui, bon Dieu !

Aiguillonée elle lui courut après dans la foule, suivant une chevelure noire qui se déplaçait à toute vitesse. Au moment où elle le rattrapa enfin, un de ses mouvements de foule imprévisible la fit tomber pile aux pieds du jeune homme. Et se cogna jolimment la tête. Un peu sonnée elle se releva lentement en se tenant la tête, sous le regard ébahi du jeune homme. On peut dire que cette apparition impromptue avait stoppé so élan..

Aïe ! s'exclama-t-elle avant de continuer sur un ton vraiment désolé : Tu sais, je voulais pas me moquer de toi quand j'ai fait ça, juste t'amuser... Elle prit une grand inspiration, et toute personne le connaissant un tant soit peu savait que ce qu'elle s'apprêtait à dire allait lui écorcher la bouche : J'ai eu tort et je m'en excuse sincérement Aristarkh. Je comprendrais que tu ne veuilles pas me pardonner, mais dans le cas contraire mon invitation tient toujours.

Voilà. Au moins maintenant on pourrait pas dire que c'était de sa faute ou qu'elle avait pas essayé ! Et oui c'était totalement vrai qu'elle regrettait ce qu'elle avait fait, malfré le fait qu'elle détestait s'excuser de quoi que ce soit elle savait quand il fallait faire profil bas.

Aristarkh était vraiment surpris. Dans un premier temps, il était surpris de sa réaction : pourquoi s'était-il montré si brusque, si spontané et surtout si susceptible ? Après tout, Emilia ne lui avait fait qu'une simple blague, et elle se s'attaquait pas à lui en plus. En y réfléchissant bien, Aristarkh n'avait jamais supporté les moqueries que ses camarades pouvaient lui infliger. Cet accès de colère n'était pas si surprenant en fin de compte. Dans un second temps, il fut stupéfait par les excuses de la jeune fille. Elle demeurait beaucoup trop sûre d'elle pour être quelqu'un qui faisait des excuses à tout va, et il se sentit honoré. Elle devait bien l'aimer. En une dizaine de secondes, le jugement assez froid qu'il portait sur Emilia se métamorphosa en une bonne opinion. Il devait juste faire attention à ne pas sombrer dans la susceptibilité. Il se tourna vers Eleazar, qui lui adressait un regard noir : le chat était conscient que son maître avait mal agi et comptait bien lui faire comprendre d'une manière ou d'une autre. Quand il se tourna enfin vers les deux liées, il ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire. La sylphide ne cherchait plus des noises à Eleazar et stationnait à la hauteur du visage désolé d'Emilia. Le garçon aux cheveux de geai finit par dessiner un sourire large et chaleureux tout en disant :

Désolé de m'être emporté également, ton brin moqueur a titillé mon brin susceptible. J'accepte tes excuses, et je suis toujours partant pour l'invitation.

Le reste du trajet se déroula sans événements notables : Altière jouait gaiement avec Eleazar qui sautillait un peu par tout avec son nouvel ami, tandis que Emilia et Aristarkh parlait des cours, en particulier de cette nouvelle professeur d'Invocation qui intriguait le jeune homme.

Vraiment, on va enfin faire quelque chose dans ce cours, c'est plus qu'étonnant. Je me souviens que les derniers professeurs étaient tous plus incompétents les uns que les autres. Et en plus de cela, elle semble être plutôt sympathique, non ?

~Charmante Voleuse~ Messages : 33 Date d'inscription : 06/04/2010

Ils étaient donc enfin en route pour la taverne malgré ces quelques petites difficultés. La question du jeune homme fit sourire Emilia : la professeur d'invocation... Tout un phénomène celle-là. Elle repensait encore à son petit discours de l'autre soir, et, il fallait bien l'avouait se sentait assez enthousiaste. Mais bon ce n'était pas le sujet du moment. Ausssi se contenta-t-elle de répondre :

Oui, en effet. Quand je repense à l'autre jour à la cantine je me dis que j'ai vraiment eu de la chance qu'elle ait la gentillesse de ne pas m'avoir trainée chez le directeur !Je me suis déjà fait renvoyée une fois de l'Académie et mes parents ne me le pardonnerait pas une seconde fois. Comme ils disent : Fais ce que tu veux tant que tu ne te fait pas prendre !

Se rendant compte qu'elle venait juste d'avouer qu'elle venait d'une famille peu recommandable, et avisant la tête plutôt surprise d'Aristarkh, elle continua sur un ton un peu timide et gêné :

Hmm bon, disons que ce qu'il s'est passé pour ta bourse et tout et tout... C'est un peu un talent héréditaire !

Elle croisait les doigts en espérant que son nouvel ami ne serait pas choqué par ces dires, et attendit les questions qu'il n'allait sans doute pas tarder à poser avec une certaine nervosité, chose plutôt rare chez cette demoiselle.

Oui oui un talent héréditaire. Alors certains avaient comme talent héréditaire la musique, d'autres la cuisine, d'autres encore le charisme ... Et elle s'était le délestage de bourses. Aristarkh se demanda d'abord s'il n'était pas tombé sur un cas social puis se garda cette remarque. Puis bon, il ne faut pas trop regarder les gens de l'extérieur. Nombre de gens qui avaient été intimidé par son apparence étrange ! Il était mal placé pour juger quelqu'un sur son habit ou sa manière d'agir. Il scruta de nouveau Emilia, et ne lui trouva un quelconque signe de richesse sur le dos. Sa robe était légère. Sûrement achetée sur le marché. Enfin, achetée. "Acquise" sur le marché. Elle avait quelques bijoux. Certes, ils pouvaient être de grandes valeurs, mais ils pouvaient être aussi de pauvres breloques. Non la richesse n'émanait pas de la jeune fille. Pourtant, vu ses capacités, ce talent, elle pourrait se faire un somme tout à fait confortable en moins de deux.

Mais où va tout cette argent ? Enfin tu ne sembles pas très riche... Et pourtant. Tu pourrais te faire un pactole !

Après avoir fait cette remarque se demande s'il n'avait pas poussé l'indiscrétion trop loin. Bien heuresement pour lui, ils atteinrent la taverne, et pour faire bonne impression, il ouvrit la porte pour la jeune fille, visiblement pas si embarrassée par les paroles d'Aristarkh. Malheureusement pour ce dernier, tout se passa très vite. Emilia passa à moitié la porte qu'Altiere, toujours poursuivant Eleazar, fit que le chat se heurta à la jambe du jeune homme. Sous la pression et la surprise, il lâcha subitement la porte, qui se fracassa sur Emilia. Elle se mit les mains devant le visage, le choc, pensa-t-il ayant été suffisamment important pour lui casser le nez. Aristarkh s'affola dans tous les sens, entrant dans la taverne et demandant des glaçons, laissant finalement seule Emilia qui se tenait toujours immobile à cheval entre l'intérieur et l'extérieur de l'établissement.

Mon Dieu ! Tu vas bien ?

» Emilia Ariane Alister [terminée !]