Bon appétit. (libre.)

April regarda avec dégout l'espèce de chose qu'on avait preparé ce midi-là et qu'on lui avait servi dans son assiette. C'était honteux. Perle, son familier la regarda plutot blasée et s'approcha de la mixture qui avait maintenant une couleur qui virait a un orange degoutant. L'animal fit une grimace et se recoucha auprès d'April. April sentit et recula son assiette.

-Si tu veux mon avis, on devrait quitter la cantine pour que tu puisses t'acheter quelque chose dehors, dit son familier.

April lui sourit. Soudain elle vit la grosse dame qui la regardait d'un air "Tu vas manger, oui !". Elle lui offrit son sourire commercial et tourna la tête en cachant son visage de ses longs cheveux blonds.

-Tu vas manger, oui !, se moqua Perle.

April lui lança un regard noir et elle baissa la tête.

-Faut pas m'en vouloir ! Si t'avais vu ta tête !

La jeune première année murmurra des paroles incompréhensibles avant de prendre sa fourchette et de la planter dans la mixture orangeâtre. Puis quelqu'un l'interpella...

Excuse-moi Mademoiselle, tu veux te joindre à nous ?, proposa une voix derrière elle.

April posa sa fourchette et se retourna et vit un garçon aux cheveux noirs, penché sur elle qui la regardait. Perle se leva d'un coup, s'avança vers le jeune homme et fit le gros dos en montrant les crocs.
Sa maitresse la retenu par son collier pour eviter le massacre. Le jeune garçon était visiblement entrain d'attendre une réponse de son interlocutrice.

-Ce serai avec plaisir, lui répondit-elle avec assurance.

C'est vrai que ce garçon l'intimidait un peu. Mais elle était certaine de l'avoir déjà vu quelque part. Elle prit son plateau à une main et de l'autre tenait Perle. L'animal avança sans broncher quand April marcha jusqu'à la table d'en face. Une fois posée à la table, elle se pencha vers son familier et lui chuchota avec un regard menaçant :

-Je n'ai pas le moindre souvenir de t'avoir éduqué de cette manière. C'est quoi ce comportement ! Je suis vraiment très déçue. Et tu as interêt à te tenir à carreaux a partir de maintenant car tu vas avoir de la compagnie, finissa t-elle en lui montrant le chat noir.

Perle et soupira et murmurra un "désolé" qu'April eut un peu de mal à entendre. En face d'elle le fameux garçon lui souriait.

-Je suis vraiment désolée...Petit problème félin, dit-elle. Elle se rendit soudain compte que la professeur d'Invocation la regardait elle aussi.

April le regarda fixement. Comment diable savait-il son prénom alors qu'il ne lui avait jamais demandé celui-ci auparavant.

-D'ou...d'ou connaissez-vous mon prénom, balbutia t-elle, génée.

Elle n'en revenait pas, Perle aussi, qui avait subitement relevé la tête après avoir été reprimander par April. Ses mains tremblaient et elles étaient moites. Et pour couroner le tout il y avait toujours cette professeur qui la regardait. Elle ne savait pas quoi dire...ni penser. Elle regarda autour d'elle et les discussion allaient de bon train.... Puis elle se souvenue. C'était il y a cinq année en arrière. Elle passait tout son temps libre à jouer avec un petit garçon aux cheveux noirs corbeau, qui brillaient de tout leur eclat quand celui-cise posait au soleil.

-"Mais oui", pensa t-elle.

Ce teint pâle...Ce visage fin...Elle se souvenue aussi de toutes les bêtises du monde qu'ils avaient fait ensemble...Et puis il y eut cette fameuse fuite causée par son père qu'elle haissait encore et toujours. April se torturait la tête pour essayer de se souvenir de son prénom...Puis...

-Aristarkh...C'est bien toi ?, chuchota t-elle, anxieuse

[i]Emilia était arrivée depuis peu à l'académie, et très franchement elle espérait autre chose pour sa première semaine que l'infâme tambouille qui tremblotait dans son assiette. Ne pouvant réprimer une moue de dégoût elle s'attira un regard mauvais de la cantinière qui lui semblait par ailleurs aussi gentille qu'un pittbull enragé...

"Tu sais Mimi, si j'étais toi je toucherai pas à ça !" fit Altière, son petit nez froncé de dégoût.

Jetant un regard irrité à cette dernière elle répondit à voix basse : Tu crois peut-être que j'ai le choix ?Et arrête de m'appeler Mimi, tu veux !"

Elle posa sa main sur son ventre, faisant de vrais yeux de chien battu, puis elle sentit une petite main se poser sur sa tête et tirer doucement ses cheveux. Elle reporta son attention sur la sylphide qui lui montra discrétement les portes du paradis : la cuisine !
Elles se sourirent d'un air entendu et Emilia jeta son plat à la poubelle. Marchant d'un air dégagé, elle tissait en même temps l'un de ses sorts favoris qu'elle apelait le caméléon. Personne ne faisait attention à elles. Elle arriva ainsi jusqu'aux portes battante, passant dans le dos du garde-chiourme sans que cette dernière ne s'en rende compte.
Dès qu'elle passa la porte, elle abandonna son allure tranquille et fonça tel un oiseau de proie sur le frigo. Ce fut une véritable razzia ; fromage, jambon cru, salade fraîche et le fin du fin plusieurs pommes d'un rouge profond et deux miches de pain.
Ces ingrédients prirent place dans son sac de cours et ses poches. Elle fourrait dans sa bouche un bout de pain gros comme son poing quand...

"Vous ! Vous allez reposer ça tout de suite et me suivre chez le directeur !!"

Dans un sursaut horrifié elle se retourna et se retrouva nez à nez face à cette dingue de cuisinière. Elle sentit Altière s'accrocher pendant que, ni une ni deux, elle prit la fuite en direction du réfectoire, poursuivie par un taureau psychopate très furieux d'au moins une demi tonne. Rapide comme l'éclair elle se fondit dans la file d'élèves qui attendaient leur tambouille, écrasant quelques pieds au passage et créant une belle pagaille. Qui lui fut salutaire. Elle fonça sur une table tout au fond où était rassemblé un petit groupe de personnes.
Qui durent se sentirent plus que surpris en voyant arriver sur eux une jeune fille à bout de souffle et plus rouge qu'une tomate... qui ne trouva rien de mieux à faire que se prendre les pieds dans une chaise et se ramasser en beauté, faisant jailir son précieux butin.

Elle le ramassa fébrilement et se releva, soudain en butte à des regards interloqués de toutes la tablée. Faisant une semi-révérence elle prit la parole un sourire malicieux sur les lèvres :

"Salut la compagnie ! Moi je suis Emilia mais on m'appelle Leste, je suppose que vous avez deviné pourquoi ! Elle prit le temps de leur faire un clin d'oeil complice avant de reprendre : Si vous dites rien pour ce que vous venez de voir je partage avec vous, okay ?

Et avant qu'ils n'aient le temps de répondre quoi que ce soit elle tira ce qu'elle avait dans son sac d'un geste de prestidigitateur, et les plats alléchants se retrouvèrent sur la table comme par magie.
Elle prit alors le temps d'observer les membres de la table et se figea en voyant Nolwenn. Un prof ! Elle ne put retenir une grimace horrifiée.

Là, ma fille, on est dans la cagade...résuma Altière

Tu l'as dis, bouffi ! répliqua-t-elle sombrement.